Ayant plus de 10 siècles d’histoire et devenu un trésor national du Japon et de la Chine, L’art Tenmoku retrouve son origine dans une région montagneuse à l’arrière pays de la Chine : la province de Fujian. Partons à la découverte du lieu de naissance de l’art mythique Tenmoku.
Le four du dragon, lieu de naissance de l’art Tenmoku
En 1935, le professeur expert en art asiatique James Marshall Plumer, a découvert un ancien site du four céramique dit de “dragon”, à Shuiji dans la région de Fujian en Chine. Il a pu extraire de nombreuses pièces de tasses “Jian” en grès, datant de la dynastie Song (960-1279 après J.-C).
Ce site est reconnu comme étant le premier et le plus grand four historique des tasses “Jian”. Ces chefs-œuvres céramiques ont aussi une autre dénomination : Tenmoku, nommés par les moines japonais qui tire ce nom du temple de la montagne Tianmu, à 400 km du site de Shuiji.
Le nom “dragon” associé au four est probablement donné en raison de sa forme particulière : longue et étroite, s’installant sur une pente raide de la montagne, comme un dragon qui se repose sur la colline. Ce type de four permet d’atteindre de très hautes températures, pouvant aller au-dessus de 1200°C, température nécessaire pour cuire les céramiques non poreuses comme le grès et la porcelaine. De telles conditions sont longtemps restées inatteignables pour les potiers européens.
Les vestiges du four Dragon à Shuiji, Fujian, Chine.
Une tasse Jian (Tenmoku) découverte dans le four Dragon à Shuiji, datant de la dynastie Song (960-1279 après J.-C).
La reproduction artisanale difficile à mettre en oeuvre
En 1960, le site fait l’objet d’une fouille programmée menée par des archéologues du musée anthropologique de Xiamen. Des milliers de tasses et d’autres objets en céramique ont été découvertes. Les tasses partagent tous un point commun : l’utilisation de la terre locale comme matière première leur donnant une couleur sombre, avec une glaçure caractéristique de couleur noire également.
De plus, les scientifiques ont fait une surprenante découverte : certaines tasses possèdent des motifs réactifs naturels issus de la réaction chimique pendant la cuisson, qui correspondent aux tasses “Tenmoku” préservées par les shoguns et les moines japonais, ainsi que certains collectionneurs chinois.
Après plusieurs excavations, à partir des années 80, certains artisans experts en céramique se sont lancé à la recherche de la méthode permettant la reproduction de ces tasses. La tache s’est avérée beaucoup plus difficile que prévu :
- La composition exacte du matériau était inconnue, par conséquent les tasses produites avaient une forte probabilité de craqueler ou déformer pendant la cuisson.
- La composition de la glaçure est certainement la plus mystérieuse : en mélangeant des terres différentes et de la cendre (un matériau permettant de réduire la température du point de fusion de la glaçure), on obtient des comportements différents de la glaçure qui reste très instable d’une cuisson à l’autre.
- Les spécificités de la structure du four ainsi que l’atmosphère qu’il produit, sont des éléments décisifs lors de la cuisson. Le flux d’oxygène, la pression atmosphérique du four et l’homogénéité de température, sont les facteurs qui ont une influence sur les réactions chimiques, et donc par conséquent les motifs qui apparaissent sur les tasses.
Plusieurs facteurs influent sur le taux de réussite de la cuisson des tasses, qui reste très bas par rapport aux autres types de porcelaine.
L’anaylse microscopique de la glaçure d’une tasse Tenmoku, qui présente des motifs formés naturellement pendant la cuisson au four.
L’équipe Tenmo est honorée de pouvoir travailler avec les meilleurs artisans experts en tasse “Jian” (Tenmoku).
Des années de recherches ont été nécessaires pour trouver la bonne composition du grès, des recettes de la glaçure, et des conditions idéales du four, permettant ainsi à ces artisans de reproduire cet âge d’or de la céramique chinoise.